Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

D'étranges rêveries : Ses inspirations

10 septembre 2005

Emily Dickinson

Je ne vais pas pour l’instant m’attarder sur la vie d’Emily Dickinson mais uniquement sur les inspirations qu’elle a pu constituer pour Mylène :

Dans le vers « Aux vies qui s’abaissent à remarquer la mienne » (poème 273), comment ne pas y voir le fameux « Aux vies qui s’abaissent à voir la mienne », qui introduit « Nous souviendrons nous » … Mais quand en plus on note la version originale du poème, en anglais donc, qui donne « To lives that stoop to notice mine », qu’on retrouve cité in extenso dans « Les mots » !

Toujours dans « Les mots », on trouve la phrase « I’ll tell you how the sun rose », qui est une nouvelle citation de Dickinson dans son poème 318 !

Voilà les pistes qui poussent à penser que Mylène s’en est bel et bien inspirée … Puis on en découvre alors d’autres dans sa lecture …

« Le ciel a un enfer » dit-elle dans son poème 459, qui rappelle inévitablement « Désenchantée » avec « Si le ciel a un enfer, le ciel peut bien m’attendre » …

On trouve ainsi également « Pour mordre l’Eternité » (poème 511) qui sera repris en « Mordre l’Eternité à dents pleines » dans « C’est une belle journée » …

Ou encore « Sa vie rare est cachée » (poème 338) repris in extenso dans « Eaunanisme » : « J’irai lui dire (…) que sa vie rare est cachée dans le velours … »

Mais aussi « L’éveil d’un Sens nouveau – Des instincts de Danse » (poème 1046) qui est cité dans « Vertige » en un « L’éveil d’un sens, l’instinct d’une danse : je vertige de vivre ! » …

Enfin, dernière citation trouvée :

« Cette syllabe dont

la Foi

Le sauve à peine du Désespoir

Et dont le « Je Vous reverrai » hésite

Quand l’Amour demande : « Où » ? »

Comment ne pas y voir de référence dans « Consentement » ???

Ce qui est étrange c’est que cette référence n’a jamais été créditée par Mylène, contrairement à d’autres auteurs ? Alors inspiration secrète de sa part … ?

Je n’ai pas relu ses poèmes depuis « Avant que l’ombre … » Peut-être s’en est-elle à nouveau inspiré car on peut remarquer que c’est une référence constante de Mylène depuis l’album « L’autre … » jusqu’à encore « Les mots » ! Alors, à votre tour de les détecter !

Publicité
Publicité
30 août 2005

Charles Baudelaire (1821-1867)

Charles Baudelaire est né à Paris et vit son enfance dans un contexte pour le moins difficile : son père meurt quand Charles n’a que six ans, et sa mère se remarie avec un militaire qui renie l’orientation artistique qu’il entreprend …

Pour contrer sa rigueur, il vit dans l’excès avec notamment deux femmes qui marqueront sa vie : Jeanne Duval et Mme Sabatier.

Mylène reconnaît l’admirer, mais elle puise plus son inspiration dans des thèmes qu’ils ont en commun que réellement dans des textes …

Pour revenir à Baudelaire, il finira sa vie dans les amours perdues, l’alcool, la drogue, la maladie, procès et dettes puis tentatives de suicides … Souhaitons que Mylène ne s’en inspire jusque là …

Mylène Farmer et Charles Baudelaire ont donc en commun de s’inscrire, au moins pour le début de sa carrière, dans le Romantisme le plus noir … Si Mylène se laisse plus tard guider vers le surréalisme, c’est bel et bien le Romantisme qui la hante dans ses premières années …

Pour lui rendre hommage, on retrouve un poème de Baudelaire, « L’horloge », en ouverture de son album « Ainsi soit-je … » (1988), plongeant l’auditeur dans les abîmes de la déchéance humaine par sa musique effrayante …

« L'Horloge


Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible
Dont le doigt nous menace et nous dit : " Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton cœur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;

Le Plaisir vaporeux fuira vers l’horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de sa coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé‚ pour toute sa saison.

Trois mille six cent fois par heure,

la Seconde
Chuchote

: Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit: Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !

Remember ! Souviens-toi, prodigue Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !


Souviens-toi que le temps est un joueur avide

Qui gagne sans tricher, à tout coup ! c'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente, souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif: la clepsydre se vide.


Tantôt sonnera l’heure où le divin Hasard,

Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! la dernière auberge !),
Où tout te dira: Meurs, vieux lâche ! il est trop tard ! »

Depuis, l’ombre du poète continue de hanter l’œuvre Farmerienne …

Dans son poème « L’albatros », Baudelaire présente le triste sort de l’artiste … Mylène y répondra très différemment, à sa manière, dans « L’histoire d’une fée, c’est … » (2001). Et comment ne pas voir en « Je change l’or en toc ! » une évocation de cette sirupeuse et culte phrase de Baudelaire : « Donnez-moi de la boue, j’en ferai de l’or ! » …

Dernière inspiration en date, comment ne pas voir en « Derrières les fenêtres » (2005) un clin d’œil aux « Fenêtres » extraites du « Spleen de Paris » …

Les fenêtres

« Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée.  Il n'est pas d'objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu'une fenêtre éclairée d'une chandelle.  Ce qu'on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre.  Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie.

Par delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais.  Avec son visage, avec son vêtement, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.

Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.

Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.

Peut-être me direz-vous: «Es-tu sûr que cette légende soit la vraie?»  Qu'importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m'a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que suis ? »

Charles Baudelaire

Derrière les fenêtres

"La lumière est invisible

à nos yeux"

C'est ce qu'ils disent en silence

Quand ils sont deux...

Hommes et femmes de pierre

Aux destins sans gloire

Mal étreints, trop fiers

J'entends...

L'absence d'eux...

Refrain :

Derrière les fenêtres

Des vies, longtemps, se perdent

Derrière les fenêtres

J'envie des mondes

Qui ressemblent aux songes

Derrière les carreaux

Tombent en lambeaux des êtres

Derrières les pâleurs, on sait qu'un

Coeur va naître ou disparaître

Silhouettes exquises

J'imaginais vos cernes

Des amants qui sont tranquilles

A leurs fenêtres

Hommes et femmes dignes

Je voudrais rencontrer vos ombres

Parler à vos âmes

Qui plongent

Et qui se signent

Refrain

Mylène Farmer

Reconnu par certains, Baudelaire fut cependant traîné en justice et condamné pour immoralité après la sortie des « Fleurs du Mal » … Certains textes (dont un à caractère lesbien) durent être censurés pour permettre la publication de l’œuvre … Cette question de censure n’est bien sûr pas sans rappeler certains épisodes de la carrière de Mylène, pourtant un siècle et demi plus tard !!!

30 août 2005

Pier de Lune

Toute nouvelle influence dans l’univers Farmer, Pier de Lune est un écrivain pour le moins contemporain puisque le texte que je vous présente est signé janvier 2002 …

« Derrière une fenêtre...

Derrière une fenêtre, la solitaire

confie ses rêves à la lune,

Remuée par tant de soupirs,

la dame blanche dépose les derniers désirs

de l'esseulée sur des dentelles de nuages.

Balayés par les vents,

ballotés de rivage en rivage

ils vont mourir

au pied de l'amant.

Derrière une fenêtre, le solitaire

replié sur lui-même

frissonne, dévasté par l'angoisse.

Ses mains remontent vers ses lèvres

et dessinent lentement l'ombre

des lèvres amoureuses sur les siennes.

Derrière des fenêtres les amants solitaires

charriés par des vagues de conventions,

dérivent dans un monde qui

a oublié le verbe aimer.

Sur la fenêtre des sillons

s'entrelaçent. Il pleut des larmes,

de solitude amère. »

De là à « Derrière les fenêtres » (2005), il n’y a qu’un pas …

Derrière les fenêtres

"La lumière est invisible

à nos yeux"

C'est ce qu'ils disent en silence

Quand ils sont deux...

Hommes et femmes de pierre

Aux destins sans gloire

Mal étreints, trop fiers

J'entends...

L'absence d'eux...

Refrain :

Derrière les fenêtres

Des vies, longtemps, se perdent

Derrière les fenêtres

J'envie des mondes

Qui ressemblent aux songes

Derrière les carreaux

Tombent en lambeaux des êtres

Derrières les pâleurs, on sait qu'un

Coeur va naître ou disparaître

Silhouettes exquises

J'imaginais vos cernes

Des amants qui sont tranquilles

A leurs fenêtres

Hommes et femmes dignes

Je voudrais rencontrer vos ombres

Parler à vos âmes

Qui plongent

Et qui se signent

Refrain

Publicité
Publicité
D'étranges rêveries : Ses inspirations
Publicité
Publicité